Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
« Toute une vie pour en arriver là » Chroniques funéraires
16 novembre 2019

Chroniques indigieuses - Les reprises

Cet été on a pris une grande décision au bureau.

Chaque année, on recense les abandons et les monuments qui 'nont plus rien pour tenir debout : famille ou soutien cimentier. On fait le tour ; et on fait de la place.

Parce que oui, ils sont de plus en plus nombreux à habiter mon cimeière, cependant que lui, mon cimetière, reste fidèle à sa supericie. A défaut de pouvoir l'agrandir indéfiniment, les vivants grapillant eux aussi de plus en plus de place alentour, on trouve de la place là où les anciens ont fini par en faire.

Avec le temps, avec l'âge, on se ratatine. On se penche sur sa canne, se recroqueville dans sa chaise. On rapetisse même, comme si, sentant la mort approcher, l'on cherchait à se faire tout petit. Comme si... elle allait passer à côté snas nous voir. Et passé son cap, une fois enterré, c'est comme si le corps ne voulait pas oublier à se faire oublier. Il continue son cheminement de rapetissement. Petit à petit, devenir de plus en plus petit. Quan il ne reste que des os, et pas même un souvenir, que plus rien en les attache ; tendons, chairs, amants vivants ou êtres chers, il revient le temps du fossoyeur. Creusant. Rassemblant. Offrant une nouvelle petite boîte, un reliquaire et un nouveau lieu de repos. Souvent pas bien loin de l'ancien, mais souvent aussi, bien mieux entretenu, par ses propres soins de fait.

 

Parmis les habitants de mon cimetière, il y a les inconnus, les "communs" aussi. Ils sse rassemblent en terrains gratuits (les seuls obligatoires dans un cimetière en vérité : clic ici je t'explique) Depuis des décennies, on leur fout la paix. Pour la plupart, ils dorment ici, chacun son carré de terre, pour les plus chanceux surmonté d'une plaque à leur nom. Pour les autres, rien. Aussi anonymes que l'ont été leurs actes de décès. Officiellement leur place n'est accordée que pour 5 ans. Cinq années qui courent pour les plus anciens depuis les années 1960...

Face à Monsieur X qui a chèrement acquis sa concession il y a 32 ans et qui la voit disparaître au-dessus de lui, il y a injustice que l'on se doit de réparer. Légalement, mon cimetière pourrait être attaqué pour cette différence de traitement. Même si humainement il rechigne à déloger ses indigents que même a mort n'aura pas épargnés.

Alors c'est dit. Cette année, les terrains communs seront repris. Et pour la dernière fois, on ira déranger nos solitaires...

Publicité
Publicité
Commentaires
« Toute une vie pour en arriver là » Chroniques funéraires
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité