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« Toute une vie pour en arriver là » Chroniques funéraires
5 mars 2014

Même seul, un défunt c'est une vie.

 

Etait-il croyant ? Pratiquant ? De quelle sorte ?

Quels étaient ses rêves ? Ses envies ?

Avait-il alors imaginé son départ ?

Croyait-il à la réincarnation ? De quelle sorte encore ? Ou bien, poussé dans une idéologie inconnue de nous, n'imaginait-il pas de partir autrement qu'en cendres éparses ?

 

 

autant de questions et d'autres, déjà bien difficiles quand on connaît nos défunts, quand la famille est là pour y répondre. 

Mais qu'en est-il de nos personnes seules ?

 

Elle ne vivait à l'écart de personne, connue des clubs et associations gérontologiques du CCAS de la ville ; oeuvrait à sa vie tranquillement, voisine aimable et indépendante…

C'était la fin d'année et elle est décédée, seule, chez elle, sans emmerder personne, fidèle à sa vie. Pas un cri, pas une alerte. Pas de signes. Un sommeil sans réveil. 

Il n'aura fallu que quelques jours, sans qu'elle se présente à ses sorties organisées ou ne salut un voisin, et peu à peu la question s'est posée. Elle n'a pas répondu au téléphone, ni aux sollicitations des connaissances frappant à sa porte. Pour cause.

Les pompiers l'ont trouvée, juste endormie. Mais sans un souffle restant. Cela faisait plusieurs jours oui, que c'était finit. 

Elle aura passé la nouvelle année seule sans son corps sans vie.

Transportée en chambre funéraire, elle attendait que quelqu'un se charge d'offrir enfin son dernier repos à son corps trop fatigué d'attendre, encore.

 

Il aura fallut le réveil d'un officier d'état civil, pour se demander, une quinzaine de jours plus tard …

"Mais qu'en est-il de Mme … ? Quelqu'un sait-il où elle a été finalement inhumée ? Sachant que ses parents sont chez nous, qu'elle avait à leurs côtés préparé sa place, il est étonnant qu'elle n'y soit pas ne croyez-vous pas?"

Oui, l'officier en question est assez curieux de nature, et mine de rien aux petits soins avec ses défunts.

Un appel à la chambre funéraire nous aura informé qu'un lointain cousin, héritier de son état, aurait dû être en charge de ses obsèques mais ne s'était toujours pas manifesté. La chambre funéraire débordée en cette période de l'année avait "laissé traîner le dossier" Ce genre de laisser-aller ne se reproduira plus nous ont-ils juré depuis. Nous sommes tous humains après tout.

La mairie, avec l'accord du notaire chargé des affaires de Mme … a donc pris en charge les obsèques. Les fonds nécessaires au minima ayant été prélevés directement sur le compte de la défunte comme l'autorise la loi.

 

Bien que prévenus, familles lointaines et connaissances ne se présentèrent pas aux obsèques. La vie poursuivait son chemin, et l'horreur de la réalité qui avait frappé ce matin de début janvier n'avait plus la même saveur. Oubliée.

Nous étions deux autour de son cercueil. Avec les porteurs et le maître de cérémonie des pompes funèbres qui avait pris le soin de m'appeler une fois arrivé au cimetière vide.

 

Etait-elle croyante ? Moi même je ne le suis pas. La personne qui m'accompagnait si. Une prière, qui que l'on soit, ne fait jamais de mal. Je me suis signé devant son cercueil et ai accompagné les porteurs jusqu'à la fosse. Quelques vingt jours après son dernier souffle, quelques uns lui disait enfin au-revoir.

 

Même seul, un défunt c'est une vie qui s'en va.

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